Déserts médicaux : les dépassements d'honoraires responsables de l'aggravation, selon l'UFC-Que Choisir
De France Bleu
Mardi 8 novembre 2022 à 8:00
Par Thomas Séchier
Médecins généralistes, gynécos, ophtalmos, pédiatres : dans une étude publiée ce mardi, l'UFC-Que Choisir pointe l'ampleur de la désertification médicale et préconise de réguler l'installation des praticiens et de mettre un terme aux dépassements d'honoraires, qui ont atteint un record en 2021.
En France, la fracture sanitaire est "abyssale".
La dernière enquête de l'UFC-Que Choisir dénonce la mauvaise répartition des médecins sur le territoire et le recours de plus en plus systématique aux dépassements d'honoraires.
25 millions de Français privés d'une offre de soins libérale suffisante
Tout d’abord, la dimension géographique révèle que jusqu’à 25 millions d’usagers vivent dans un territoire où l’offre de soins libérale est insuffisante.
Pour les gynécologues, 23,6 % des femmes vivent dans un désert médical et ce sont 27,5 % des enfants qui vivent dans un désert médical pédiatrique.
Si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes (2,6 % de la population), 23,5 % de personnes éprouvent néanmoins des difficultés pour accéder à moins de 30 minutes de route à ce maillon essentiel du parcours de soins.
Les dépassements d'honoraires atteignent un record en 2021
La fracture sanitaire est également financière. Les dépassements d’honoraires payés par les usagers ne cessent de croître, pour atteindre 3,5 milliards d’euros par an en 2021, soit le montant annuel le plus élevé jamais enregistré.
Près de 47% des pédiatres pratiquent les dépassements d'honoraires (+7% par rapport à 2016), et plus de 64% des ophtalmologues (+6%).
Pour la plupart des spécialités, il devient de plus en plus difficile de trouver des médecins qui respectent le tarif de la Sécurité sociale. Ainsi, près de 7 patientes sur 10 résident dans un désert médical gynécologique, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas accès à un gynécologue de secteur 1 (sans dépassement d’honoraires) à moins de 45 minutes de chez elles, et près d’un enfant sur deux réside en désert médical pour ce qui est de l’accès aux pédiatres au tarif de la sécurité sociale.
Interdire l'accès au secteur 2 ?
L'association remet en cause les mesures d'incitation à l'installation menées par les pouvoirs publics depuis 15 ans. Elle pointe l'échec de l'OPTAM (Option de pratique tarifaire maîtrisée) mis en place au 1er janvier 2017 pour juguler les dépassements. Ce dispositif, basé sur le volontariat, qui octroie des aides en échange de la fixation d’honoraires à moins du double du tarif de la Sécurité sociale, n’a donc pas permis de freiner cette inflation. Cet échec a pu contribuer pour partie à la hausse des cotisations des complémentaires santé.
L'UFC-Que Choisir demande aux législateurs des mesures fortes, notamment de ne plus permettre aux médecins de s'installer en zones surdotées "à l'exception du secteur 1 (tarif de la Sécurité sociale) quand la situation l'exige", de fermer l'accès au secteur 2 (à honoraires libres) et de supprimer les aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale.
https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/deserts-medicaux-la-situation-s-aggrave-avec-les-depassements-d-honoraires-d-apres-l-ufc-que-choisir-1667889577