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Le secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance a reconnu des « dysfonctionnements majeurs ». Le département de la Côte-d’Or a saisi la justice.
Un an après une enquête choc sur la prise en charge défaillante de l’Aide sociale à l’enfance, M6 a diffusé ce dimanche, un reportage qui montre que beaucoup restent à faire pour mieux protéger les enfants placés.
Éducateurs non formés, jeunes livrés à eux-mêmes, préadolescentes qui se prostituent ou fuguent et que personne ne recherche… Le journaliste Jean-Charles Doria a enquêté pendant huit mois dans plusieurs foyers d’enfants placés pour ce film réalisé pour Zone interdite. Dans un secteur confronté à d’importantes difficultés de recrutement, les journalistes de l’équipe n’ont eu aucun mal à se faire « embaucher » comme éducateurs, même en expliquant n’avoir aucun diplôme, et sans que leur casier judiciaire ne soit vérifié.
Des « dysfonctionnements majeurs »
Suite à ce reportage le secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance Adrien Taquet s’est exprimé ce lundi 20 janvier, dans un communiqué et un entretien avec le journal La Croix. Il a admis que la prise en charge des enfants placés présente des « dysfonctionnements majeurs ».
« Ces images montrent des enfants et des adolescents pris en charge dans des conditions indignes, victimes de violences de la part d’adultes qui devraient prendre soin d’eux et les protéger », s’est défendu le secrétaire d’État dans un communiqué publié sur Twitter.
Il a annoncé au journal La Croix qu’il allait demander aux préfets de lui « transmettre, dans les trois mois, un état des lieux de la manière dont ces établissements sont contrôlés ». Il souhaite « établir, au niveau national, des taux d’encadrement dans les lieux d’accueil ».
Une plainte déposée par le président du département de la Côte-d’Or
Le plus souvent, les images ont été tournées en caméra cachée, les conseils départementaux – chargés de l’accueil de ces mineurs – ayant quasiment tous refusé la présence d’une équipe de tournage, a expliqué le réalisateur.
À Dijon, des éducateurs non formés administrent des neuroleptiques à une adolescente de 13 ans, « ingérable » en raison de ses problèmes psychiatriques, mais non suivie par un psychiatre. Et ne réagissent pas quand les enfants dont ils ont la responsabilité fuguent, parfois pendant plusieurs jours, ou se prostituent.
Le président du département de la Côte-d’Or, François Sauvadet, a annoncé lundi avoir saisi la justice suite à la diffusion de l émission.
« Compte tenu des images et des propos diffusés dans le reportage […], j’ai déposé plainte auprès du procureur de la République de Dijon pour faits de prostitution et présence de stupéfiants », a indiqué François Sauvadet dans un communiqué.
Aucune demande de reportage
Le parquet de Dijon a confirmé, ce lundi, le premier signalement du département. « On est en train de faire des vérifications pour récupérer les éléments utiles à une éventuelle enquête », a déclaré le procureur Éric Mathais.
Dans son communiqué, François Sauvadet ajoute avoir été interviewé le 1er octobre par le réalisateur du documentaire. Il a précisé avoir « immédiatement répondu favorablement à sa demande » même s’il s’est interrogé « sur la méthode employée ».
« Mes services n’ont reçu aucune demande de reportage de la part de M6 dans un établissement accueillant des enfants placés. Si tel avait été le cas, j’aurais bien évidemment donné mon accord », a affirmé l’élu.